Kulte Center for Contemporary Art & Editions @2024
Fouad Bellamine
« Cette exposition, Fouad Bellamine l’a voulue « comme un recueil de poèmes ».
Un recueil de poèmes picturaux qui rassemble quelques apparitions : celles d’un voyage dans le temps (à Fès, à Rabat, à Paris ou encore à Grenade), celles d’un hommage à son ami, le critique d’art Gilles de Bure qui s’en est allé cet été et qui l’avait accompagné tout au long de sa vie d’artiste.
Dans L’Herbe des nuits, l’écrivain Patrick Modiano évoque un café de la place Monge, appel à d’infinies réminiscences, qu’il associe un soir à un vers : « Les griffes pointues d’un caniche frappant les dalles de la nuit ».
Fouad Bellamine revient, lui, sur ces dalles de la nuit que sont pour lui les stèles des cimetières de Fès, la ville où il est né. L’herbe des nuits, les lichens, la lumière, les tombeaux des séries des Cimetières de Fès sont comme sa Sainte-Victoire, dont Cézanne soulignait le « parfum de marbre lointain », un motif « où la clarté se spiritualise ». Il a commencé à les « peindre » avec un appareil photo numérique à la fin des années 2000, imprimant les photos sur toile, les voilant de peinture. Ses Cimetières sont à la fois des souvenirs d’enfance (quand il jouait dans les cimetières de Fès) et une manière de méditer sur la fuite du temps, sur l’absence et sur la condition de l’existence.
Il revient encore sur les traces du temps avec un ensemble de sept photographies qu’il avait prises dans la pénombre d’un lieu caché de l’Alhambra de Grenade, un bain maure où personne ne rentre plus. Un photographe lui en avait révélé l’existence, et la découverte de ce bain maure avait été pour le peintre comme une revisitation des hammams de son enfance. … »
Extrait de Fouad Bellamine, de Pascale Le Thorel in Fragments d’un miroir, portfolio édité par Kulte en septembre 2013.
L’intrus, 2013
Polyptyque
Photographies & Acrylique sur bois
19x19 cm
Courtesy de l'artiste