Kulte Center for Contemporary Art & Editions @2024
Sismographie des luttes – Vers une histoire globale des revues critiques et culturelles
Film durée 60 mn
Cette installation vidéo-sonore rend compte d’un recensement de revues non-européennes ou produites en situation diasporique, dans la suite des courants révolutionnaires de la fin du 18e siècle jusqu’au basculement de l’année 1989 et la fin du monde des deux blocs. Les populations des territoires nommés dans cette œuvre visuelle et sonore ont connu le colonialisme, les pratiques esclavagistes, l’apartheid et le génocide. D’autres subiront de violentes dictatures, de fortes convulsions politiques et culturelles. La lutte contre l’esclavage est peut-être à la source de ce que l’on nomme une revue critique et culturelle, soit un objet matriciel de la modernité. Tout comme la lutte contre le colonialisme. Si par sa nature le colonialisme a affecté nombre de communautés en leur cohésion sociale et culturelle, ce dernier a lui aussi été extrêmement combattu par l’écrit et le geste. Sismographie des luttes – Vers une histoire globale des revues critiques et culturelles, est le résultat d’un long processus de recherche conduit à l’Institut National d’Histoire de l’Art dans le cadre du domaine de recherche, « Histoire de l’art mondialisée », qui a inauguré à cette occasion en 2015 le programme « Globalisation, art et prospective – GAP »[1], qui a permis de mener le projet consacré au recensement et à la connaissance des périodiques culturels non-européens à l’échelle mondiale. L’exposition Sismographie des luttes témoigne de cette recherche. À terme, une base de données dédiée à ces revues sera proposée en accès libre. Elle recense 1200 périodiques. […]
Cette œuvre est le résultat d’une recherche collective, multilingue et décentrée, telle qu’elle a été menée à l’INHA. Elle fait la démonstration de la pertinence d’une histoire globale de l’art et permet de réévaluer, et surtout de témoigner, de la dynamique intellectuelle, artistique et politique, qui s’est exercée au cœur des empires coloniaux.
L’installation vidéo-sonore se compose de deux films constitués de montages d’images issues des revues critiques et culturelles produites en différents continents et d’un troisième qui réunit des textes manifestes traduits en français, et en adéquation, d’une composition musicale originale réalisée par Jean-Jacques Palix pour l’occasion.
C’est à l’intérieur d’espaces contraints et divisés qu’émerge la revue telle qu’on l’entend : un espace d’expression politique et artistique en quête d’autonomie. Et en ce sens, en raison du recouvrement mondial qu’a été le colonialisme moderne, l’on peut dire que la revue critique et culturelle, souvent née dans l’urgence et la nécessité, est par son hybridité, sa mobilité et son existence précaire, un pur objet de l’expérience coloniale : et ce faisant, par sa nature, un laboratoire de la modernité. […]
Sa présentation au Maroc est plus qu’un symbole. C’est à la fois un acte artistique mais aussi un acte politique. C’est être présent dans un pays qui n’a eu de cesse de lutter pour son émancipation et son indépendance. Mais c’est aussi un pays qui a connu la migration et qui est aussi devenu le lieu de passage vers le nord d’une communauté humaine en quête de mobilité et qui se voit chaque jour refoulée.
Kulte, par cette programmation, participe d’une pédagogie. Faire vivre et renaître ce qui ici relève à la fois de la vitalité critique et culturelle qui a été menée par nombre de femmes et d’hommes profondément engagés dans la défense de leur intégrité, et notamment quelques figures majeures de cette région du monde, mais aussi faire advenir à la connaissance ce qui a été recouvert. Enseveli.
Texte de Zahia Rahmani, Responsable du domaine de recherche “Histoire de l’art mondialisée” à l’INHA
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Sismographie des luttes – Vers une histoire globale des revues critiques et culturelles
Durée 60 mn
Conception, réalisation:
Zahia Rahmani, responsable du domaine de recherche, « Histoire de l’art mondialisée » à l’INHA
Chargées de la recherche:
Florence Duchemin Pelletier, pensionnaire INHA
Aline Pighin, chargée INHA
Montage:
Thierry Crombet, relativ.design
Musique originale:
Jean-Jacques Palix
Collaboration pour la recherche et la traduction:
Sawssan Alachkar, Lotte Arndt, Marie-Laure Allain Bonilla, Estelle Bories, Jacqueline Estran, Mica Gherghescu, Ghazal Golsheri, Émilie Goudal, Morad Montazami, Esteban Sanchez, Hugo Serafim Ratão, Devika Singh et Annabela Tournon
Avec la collaboration de:
Bibliothèque nationale de France
La médiathèque du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, Paris
La Bibliothèque Kandinsky MNAM/Centre Georges Pompidou, Paris
L’Institut d’Asie orientale, Lyon
Institut d’études transtextuelles et transculturelles, Lyon
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Remerciements à:
Pierre-Yves Belfis, Nicolas Bissi, Jean-Louis Boully, Alix Chagué, Etienne Dobenesque, Sarah Frioux-Salgas, Héloïse Kiriakou et François Guillemot
[1] « Globalisation, art et prospective – GAP », est un programme de recherche collaborative initié par l’INHA, qui regroupe un collectif plurilingue de chercheurs et acteurs de la scène artistique : Lotte Arndt (École supérieure d’art et design de Valence), Marie-Laure Allain Bonilla (Université de Bâle), Estelle Bories (Paris-3), Florence Duchemin-Pelletier (INHA), Mica Gherghescu (Bibliothèque Kandinsky, MNAM/Centre Pompidou), Émilie Goudal (CADIS-EHESS), Morad Montazami (Tate Modern), Zahia Rahmani (INHA), Devika Singh (Université de Cambridge) et Annabela Tournon (CETHA-EHESS).